Au service des industries : festivals et grands événements

«  L’évolution des festivals s’est faite sur une très longue période. En Occident, les premiers festivals apparaissent à Athènes dans la Grèce antique.

Le sens que l’on attribue aux festivals est étroitement associé aux caractéristiques de la société et de l’époque dans lesquelles ils prennent place et qui lui donnent sa pertinence et sa signification. Avant la constitution de la sphère publique bourgeoise, les activités de la vie privée n’étaient pas séparées dans l’espace des autres activités ni différenciées dans le temps. Ainsi, toute célébration populaire, que ce soit un festival ou un rituel collectif, est pleinement intégrée dans la pratique de l’activité humaine selon une interprétation particulière du quotidien et du temps mythique.

Les activités associées aux festivals ne durent que le temps du festival. Ces périodes de festivités sont marquées par une absence de préoccupations face au lendemain. Ces périodes sont une parenthèse dans la temporalité de la vie quotidienne, elles sont aussi insulairement déterminées dans l’espace »

Des rassemblements autochtones ...

« Le terme pow-wow serait apparu au début du 19e siècle, issu de l’algonquien : pawauogs. D’abord lié aux rituels de guérison des nations du Nord-Est américain, le mot aurait été utilisé par les colporteurs blancs de médicaments pour désigner leurs remèdes. Pour attirer les clients, ils engageaient des danseurs autochtones. Le mot désigna alors la performance des danseurs, puis les rassemblements tribaux. Il est difficile de retracer l’usage de ce terme au Québec. […]

Les grands rassemblements tribaux et intertribaux existaient bien avant l’arrivée des Européens. La danse, les chants aux tambours, les festins faisaient partie des cérémonies religieuses, des préparatifs de guerre, des célébrations de victoire ou d’alliances entre nations. Lors de son voyage au pays des Hurons (1623-1624), le père récollet Gabriel Sagard décrit ces événements tribaux où l’on danse et chante : «pour agréer à leurs démons», pour honorer quelqu’un, pour se réjouir d’une victoire et d’un traité d’alliance, lors des cérémonies de guérison et des rituels de passage (cérémonie des morts, entre autres).

À la fin du 19e et au début du 20e siècle, la Loi sur les Indiens interdisait : la danse, les festivals et certaines cérémonies à caractère religieux. »

arrière plan : Guerrier Innu, Maliotenam
Photo : Gael Veroquaux (flickr)

... aux cérémonies religieuses...

« Au Québec, dès le 17e siècle, avec l’évangélisation, plusieurs pratiques culturelles et religieuses furent proscrites. Les nouveaux convertis devaient brûler leur tambour et renoncer à la danse et à leurs «superstitions». Les tambours et la danse trouveront refuge dans la profondeur des bois. […] Les rassemblements traditionnels tribaux furent remplacés par les rassemblements religieux lors des fêtes du calendrier catholique »
Défilé de la fête Dieu, Montréal 1914

... l'esprit festif caractérise le Québec

« L’esprit festif qui semble caractériser l’identité des “Canadiens français”, puis des “Québécois”, est ancré dans les mœurs au moins depuis la Nouvelle-France. Constatant qu’il n’existe aucun traité sur l’histoire de la fête au Québec, seul le sociologue Janin Huard remonte à l’Ordre du bon temps, fondé par Samuel de Champlain, pendant l’hiver 1606-1607. 

Par la suite, la tradition des “fêtes d’hiver” persiste et réapparaît avec le carnaval de Montréal et de Québec et l’introduction de manifestations sportives, en 1880. Ces fêtes sont inséparables de la coutume chrétienne du carême, marquée par le jeûne et les privations (Huard, 2001: 16-17). Selon l’auteur, pour comprendre le “caractère festif” des Québécois, il faut se pencher sur la question du climat rigoureux des hivers et jeter un éclairage anthropologique et sociologique sur le phénomène. 

Cela permet de comprendre l’importance du festival pour les membres de la société québécoise.»

À travers les manifestations religieuses, culturelles ou marchandes, les événements organisés suscitent donc depuis longtemps l’intérêt du public… ainsi que des acteurs publics, privés ou sociaux.

 

C’est par contre surtout à partir du milieu du XXe siècle que ces fêtes s’organisent et s’institutionnalisent de manière à devenir des événements laïcs, aux thématiques culturelles précises et aux activités récurrentes… des festivals.

Festival

« Un festival est une occasion récurrente dont la périodicité et la durée sont déterminées. Ce moment, en tant que manifestation artistique, est destiné à la créativité et à la célébration. Il se déroule sur un lieu particulier mis en valeur pour l’événement. L’importance du lieu est critique puisque son «design» vise autant à construire qu’à reconstruire le lieu même où il se tient, créant ainsi ou réaffirmant un sens du lieu qui soit ancré dans la réalité. L’espace où prennent place les festivals apparaît comme spontanément formé par le public et par les performances artistiques. »

« Les festivals sont des événements festifs de masse qui ont lieu partout à travers le monde. Jusqu’en 1939, selon l’historien français Pascal Ory, le terme de festival demeure associé intimement à la musique. D’abord européen, le festival s’exporte rapidement à toute la planète après la Deuxième Guerre mondiale et s’institutionnalise dans les années 1970. Selon Ory (cité dans Fléchet et al., 2013), “dans son extension, le festival est un phénomène culturel caractéristique du XXe siècle, et surtout de la seconde moitié de celui-ci” (pp. 19, 24). On peut le définir comme une série annuelle de performances artistiques dans un lieu précis, c’est-à-dire une unité de temps, de lieu et de thème. »

Les premiers festivals modernes au Québec

Festival des harmonies et orchestres symphoniques du Québec (Sherbrooke), 1929

Festivals de Montréal, 1936–1965

Carnaval de Québec, 1955

Antonia Nantel, Wilfrid Pelleter (au centre) fondateurs des Concerts symphoniques de Montréal (Photo : OSM)
Bonhomme et les duchesses du Carnaval, autour de 1960

Festival western de Saint-Tite, 1967

Festival d’été de Québec, 1968

Festival international de la chanson de Granby, 1969

Festival Western de Saint-Tite en 1972

Le Québec et le monde en 3 grands événements

EXPO67

« Formidable événement dans l’histoire récente de Montréal, l’Exposition universelle de 1967 est synonyme d’ouverture sur le monde et de modernité, de grands travaux et de succès international.

Inspiré de l’œuvre d’Antoine de Saint-Exupéry, l’optimiste thème de l’Exposition, Terre des Hommes, a conduit à la réalisation d’un lieu unique en son genre. Le site d’Expo 67 reflétait les paroles de l’écrivain : « Être homme, c’est sentir, en posant sa pierre, que l’on contribue à bâtir le monde. » Expo 67 était ainsi pleinement à l’image des années 1960, période d’une transformation socioculturelle majeure pour le Québec. Montréal connaît ainsi une transformation urbaine indéniable, mais aussi un enrichissement culturel durable et un sentiment de réussite mérité. »

SUPERFRANCOFÊTE 1974

«En août 1974 la jeunesse francophone du monde a rendez-vous à Québec pour la Superfrancofête, aussi appelée Festival international de la jeunesse francophone. Il s’agit de l’un des premiers grands événements internationaux pour Québec. Lors de la soirée d’ouverture du 13 août sur les Plaines d’Abraham, une foule record estimée à plus de 100 000 spectateurs est réunie pour le spectacle intitulé J’ai vu le loup, le renard, le lion mettant en vedette Félix Leclerc, Gilles Vigneault et Robert Charlebois. L’événement est considéré comme étant le premier spectacle extérieur d’envergure au Québec.»

JEUX OLYMPIQUES DE 1976

« Lorsque le Comité international olympique annonce, en 1970, que Montréal sera l’hôte des Jeux de la XXIolympiade, le maire Jean Drapeau est fier d’avoir réussi là où son prédécesseur, Camilien Houde, avait échoué. Gagnante devant Moscou et Los Angeles, Montréal devient la première ville canadienne à accueillir les Jeux.

Pour préparer l’événement, un comité organisateur, le COJO, est mis sur pied par l’Association olympique canadienne et la Ville de Montréal. Les défis sont titanesques : employés municipaux, ouvriers, artistes, ingénieurs, architectes et bénévoles participent à ce gigantesque chantier matériel et culturel. Les organisateurs comprennent vite qu’une telle manifestation nécessite une esthétique particulière. Le service de graphisme et design, mis sur pied par le COJO, crée une signature graphique qui marquera l’histoire du design québécois. »

1970-1980 : Le grand déploiement des festivals québécois

Festival du nouveau cinéma de Montréal, 1971

Festival des films du monde de Montréal, 1977–2018

Festival du cochon de Sainte-Perpétue, 1977

Festival de Lanaudière (Joliette), 1978

Festival international de jazz de Montréal, 1980

Mondial des Cultures de Drummondville, 1982-2017

Les Rendez-vous Québec Cinéma (Montréal), 1982

Festival en chanson de Petite-Vallée, 1983

Festival Juste pour rire (Montréal), 1983 – 2023

International de montgolfières de Saint-Jean-sur-Richelieu, 1984

Festival de la chanson de Tadoussac, 1984

Festival international de musique actuelle de Victoriaville, 1984

Innu Nikamu (Mani-Utenam),1985

Festival TransAmériques (Montréal), 1985

International des Feux Loto-Québec (Montréal), 1985

Festi Jazz international de Rimouski, 1986

Festival international Nuits d’Afrique (Montréal), 1987

Francos de Montréal, 1989

Festival international Présence autochtone (Montréal), 1990

Cartographier les festivals

Les festivals reposent sur un ensemble de caractéristiques qui permettent de les positionner en relation (similarités et différences) avec les autres offres événementielles :

Les festivals au cœur des stratégies de glocalisation

« La fin des années 1980 est marquée par la promotion des villes, celles-ci utilisent les formes culturelles pour orienter leur développement et pour se différencier dans un marché global de plus en plus compétitif. Ce phénomène n’est pas nouveau, mais dans le contexte de la globalisation, il prend une nouvelle signification. Celle-ci s’exprime par trois caractéristiques majeures (Quinn, 2005: 931). La première est un arrangement entrepreunarial particulier dans lequel des créateurs d’images sont capables d’attirer des flux de capitaux importants, des gens et des services. La deuxième est que les objectifs touristiques sont combinés à des objectifs urbanistiques particuliers. La troisième vise à générer chez les citoyens un sentiment de fierté et d’estime en augmentant la visibilité de la ville à l’échelle mondiale.

C’est en 1987 que la Ville de Montréal met sur pied le Bureau des festivals dans le but de favoriser et d’encadrer la tenue des festivals sur le territoire de l’Ile. […] Ce n’est toutefois pas lors de cette période que les festivals s’imposeront réellement pour positionner la ville à l’échelle mondiale, mais plutôt lors des deux décennies suivantes où le nombre de festivals a littéralement explosé. Cela est vrai pour Montréal, mais aussi pour de nombreuses autres villes de petites comme de moyennes tailles. »

Les « retombées positives » des festivals

On considère généralement que les festivals et événements génèrent d’importantes retombées pour les localités

Les festivals et événements permettent aux villes de rayonner. à différents niveaux, de se positionner dans différents secteurs clés de l’économie et d’attirer des personnes dans certains secteurs clés.

Le tourisme est stimulé par la présence d’événements attractifs, ceux-ci contribuant également à augmenter l’attrait des villes auprès des entreprises et des travailleurs de certains domaines spécialisés. 

Les publics qu’attirent les festivals dépensent de l’argent dans les activités du festival, lesquels emploient des personnes et utilisent des ressources,  générant ainsi des retombées directes. 

Les festivals et autres événements génèrent aussi des retombées indirectes auprès de fournisseurs de services et de produits connexes, comme le transport et l’hébergement, mais aussi la restauration, voire même auprès des valoristes.

 

Toutes les sommes d’argent générées par la tenue d’un événement d’envergure font l’objet de prélèvements fiscaux (taxes, impôts) qui constituent les principaux revenus des États ou des collectivités.

Les externalités négatives

Mais les grands événements ne génèrent pas que des avantages, et comportent leur lot d’inconvénients qui augmentent avec la taille des événements.

Enfin, la question de la privatisation de l’espace public constitue également un souci de plus en plus présent dans l’esprit des citoyen·ne·s.

Financer les festivals

Le financement des festivals repose principalement sur la combinaison de différentes sources dont l’équilibre varie selon les caractéristiques et l’envergure de l’événement :

La vente de billets, d’accès ou de forfaits constituent les principaux revenus autonomes des festivals et événements.

À cela s’ajoutent les produits et services offerts par les organisations ou leurs partenaires : alcool, nourriture, merch, stationnement, hébergement, etc.

Les commandites et partenariats constitue l’une des principales sources de revenus privés, ces commandites pouvant être offertes en argent ou en biens et services.

Certains événements, toutefois, dépendent surtout du mécénat ou du financement participatif.

Les différents palliers de gouvernement, par l’entremise de leurs organismes dédiés à la culture ou au tourisme notamment, contribuent enfin largement au financement des festivals et événements.

Le financement public est cependant conditionnel au respect de certains critères, comme la gratuité d’une certaine portion de l’offre de programmation ou la mise en place de mesures de mutualisation des ressources.    

ANNÉES 2000 : LES MEGA ÉVÉNEMENTS

Depuis le début des années 2000, les méga événements ont connu une croissance exponentielle partout sur la planète :

Ils offrent l’avantage du tout en un : des centaines d’artistes regroupés en un seul endroit, une tonne de spectacles en quelques jours avec un seul et unique billet et un branding fort (des grandes roues et manèges, des zones instagrammables, etc.).

Ils attirent deux clientèles :

les jeunes adultes qui veulent tripper avec leurs amis durant un weekend

et une clientèle plus âgée, mais aisée qui recherche l’expérience VIP.

La concentration du secteur des grands événements

 

Si, de 2000 à 2015, les événements d’envergure se sont multipliés partout sur la planète, nous avons aussi assisté à une consolidation de l’industrie.

Plus les événements prennent de l’ampleur, plus ils deviennent difficiles à financer et à organiser, ce qui favorise le rachat des événements par des grands groupes.

Par exemple, en 2018, l’Association of Independent Festivals (AIF) sonnait l’alarme en Grande-Bretagne en soulignant que l’entreprise Live Nation était désormais propriétaire de plus de 25 % de tous les grands festivals britanniques.

évolution du titre boursier de LiveNation

À Montréal, c’est le Groupe CH qui est le principal acteur de cette concentration marquée depuis 2016.

Depuis 2019, l’entreprise britannique Live Nation est actionnaire à 49 % de l’entité du Groupe CH qui regroupe les activités d’Evenko et de Spectra.

Quels sont les enjeux de la concentration des festivals ?

Poussés vers les grands groupes pour parvenir à se maintenir, les petits festivals perdent en autonomie et deviennent dépendants, en tout ou en partie, des grands groupes pour leurs activités (billetterie, salles, etc.).

Les grandes corporations, entre autres par leurs activités de lobbying, parviennent à augmenter leur pouvoir d’influence auprès des autorités publiques ou des fournisseurs, pouvoir dont ils profitent pour augmenter leur emprise ou masquer certains comportements délinquants (pollution, sécurité, travailleurs·euses)

Les grands groupes accaparent une partie importante du financement public – souvent historique des événements qu’ils ont acquis – et mettent la main sur les artistes les plus populaires – souvent sous contrat exclusif – tout en imposant une vision artistique qui peut s’éloigner de celles qui prévalaient auparavant.

« […] d’abord, les difficultés croissantes pour les festivals d’attirer des têtes d’affiche, pourtant essentielles pour atteindre le “point d’équilibre”, autrement dit attirer suffisamment de festivaliers pour vendre environ 95% des billets. En dessous de ce chiffre, bien des événements deviennent déficitaires et se mettent en danger. Et puis, il y a la question des subventions

“Certains grands groupes prennent le contrôle de festivals bâtis sur de l’argent public et continuent de bénéficier d’aides de la part des collectivités, poursuit Stéphane Krasniewski. Pourquoi ne pas légiférer en arguant qu’un festival construit sur de l’argent public ne peut pas tomber dans l’escarcelle d’un groupe privé, par exemple, ou qu’un festival qui est adossé financièrement à un tel groupe ne peut pas avoir recours au bénévolat ? Les collectivités territoriales se tournent souvent vers ces groupes pour avoir leur propre festival parce qu’elles ne résonnent qu’en marketing territorial. Serait-ce délirant d’imaginer que ces festivals ne puissent plus avoir de subventions, de mises à disposition de personnel ou de terrains? Il faut que les bénéfices soient redistribués. Si l’argent généré par un festival repart vers un fonds de pension américain, ça pose problème, surtout quand on parle d’argent public.” 

Forcément, Live Nation et consorts ne l’entendent pas tout à fait de cette oreille. »

La revanche des petits festivals

Depuis quelques années, certains des mégafestivals montrent des signes de déclin, qu’on peut associer à différents facteurs dont : des billets à prix parfois exorbitants, plusieurs problèmes d’agressions (souvent sexuelles) et d’autres liés à la consommation d’alcool et de drogues, une empreinte écologique importante et une programmation souvent similaire d’un méga festival à un autre.

On note maintenant une nouvelle tendance événementielle internationale : les petits événements indépendants qui offrent une expérience plus nichée, une programmation plus spécialisée et qui permettent aux festivaliers d’avoir une certaine intimité avec les artistes.

Des petits événements intimistes qui permettent aux festivaliers de vivre une expérience unique dans un lieu inusité, un moment qui ne peut être reproduit à grande échelle, une connexion personnelle avec l’artiste, bref un moment « fallait être là ».

Différents festivals modèles

Les festivals d'Édimbourg

« Le Festival International d’Édimbourg (FIE) voit le jour en 1947, alors que l’Europe vient de sortir de la guerre. Son programme composé de musique classique, de théâtre, d’opéra et de danse a pour objectif de fournir une plate-forme pour l’épanouissement de l’esprit humain.

Ce festival d’art et de performances se veut le plus excitant, le plus innovateur et le plus accessible possible. Il vise la promotion du bien-être culturel, éducatif et économique des habitants d’Écosse […] Dès la première édition du FIE, des artistes se présentent au festival sans obtenir l’autorisation d’y participer. Ces artistes décident tout de même de se produire dans la ville. Ce mouvement de réaction au FIE fut nommé Fringe festival (festival de la marge). […] Il continue d’attirer une culture d’« avant-garde» où des artistes, qu’ils soient professionnels ou non, performent souvent dans des lieux non conventionnels, allant des églises inutilisées aux rues de la ville. Depuis ses débuts, son format expérimental tout comme son contenu satirique donne à ce festival la réputation d’être une alternative radicale à la culture de l’élite. »

Le modèle Édimbourg

Plusieurs festivals ciblés, récurrents et réputés en coopétition tout au long de l’année. Une ensemble d’« expériences » concertées entre les différents acteurs de la ville.

Une «marque» publique qui révinvestit les profits dans l’innovation et le développement de nouvelles initiatives.

Le festival d'avignon

« C’est en 1947 que Jean Vilar met sur pied une “Semaine d’art dramatique à Avignon“, […] Le concept du festival d’Avignon a été développé pour qu’il y ait interaction entre la population, l’organisation et le lieu. Le changement de lieu est significatif. Le festival peut se dérouler autant dans les lieux habituels de la culture qu’en plein air. Le festival privilégie les dimensions « communale» et participative. Le festival a contribué à repenser le concept des festivals d’art comme de plus en plus actif pour promouvoir à la fois l’inclusion, l’accessibilité et les nouvelles formes d’interaction entre le public, les artistes et le lieu (Quinn, 2005). Ce festival apparaît dès ses débuts comme une initiative réflexive et constirutive de ce qui fait le lieu sur lequel il prend place, de ses ressources, circonstances, comme de ses habitants. Vilar entendait rendre accessible au plus grand nombre, et en particulier aux jeunes, une culture théâtrale étant encore jugée comme trop élitiste. Le festival a permis de reformuler le théâtre et de le faire sortir de ses lieux continés. Ce pari réussi a permis au théâtre d’aller à la rencontre de nouveaux publics. »

Le modèle Avignon

Festival déclinant un ensemble d’offres événementielles (représentations, débats, conférences, expositions, etc.) autour d’une discipline : le spectacle vivant contemporain.

Un festival in situ qui met de l’avant la ville et ses lieux pour stimuler la créativité.

Une forte collaboration avec les acteurs de l’industrie, de nombreux partenaires publics et quelques partenaires commerciaux locaux ciblés.

Quel avenir pour les événements ?

Financement privé. Contrarié.

L’organisation d’événements coûte cher et les coûts ont explosés depuis 10 ans : cachets des grands artistes internationaux, technique et scénographie, sécurité et mesures sanitaires, etc.

Organiser des événements majeurs demande des fonds de roulement importants : il faut payer le personnel, les scènes, l’équipement, les communications et la publicité avant même qu’un seul festivalier ne mette les pieds sur le site.

Les sources de revenus traditionnelles (spectacles payants, commandites, revenus autonomes) sont fortement contrariées par l’explosion de l’offre et la concurrence d’autres offres.

Ce n’est pas simple pour les gros producteurs événementiels et c’est critique pour les petits événements indépendants qui ne peuvent pas compter sur un tel fond de roulement.

Financement public. Fractionné.

Historiquement, l’aide financière publique est souvent liée à la présentation d’une programmation publique, en se basant ici sur le principe que tous les citoyens investissent et qu’il est donc souhaitable que tous peuvent aussi en bénéfici er.

C’est l’une des raisons qui justifie le financement important que reçoivent les grands événements de la Ville de Montréal ainsi que des gouvernements provincial et fédéral

La programmation gratuite permet aussi d’assurer l’accès d’une population qui n’a pas les moyens d’acheter des billets pour des événements payants, à une offre culturelle de qualité. C’est un aspect important pour les gouvernements qui veulent s’assurer que tous peuvent profiter de la vie culturelle locale.

Or, le nombre d’événements augmente et les budgets stagnent.

« La fête, avant, était une condition pour draguer. Or, aujourd’hui [avec les applications de rencontre], ce n’est plus nécessaire, poursuit-il en entrevue avec Le Devoir. C’était aussi la seule manière pour écouter de la musique, alors que maintenant, on peut en écouter partout dans nos écouteurs. Et troisièmement, avant, les gens allaient en boîte de nuit pour danser, mais avec l’application TikTok, on se rend compte que les gens peuvent très bien danser seuls dans leur maison. »

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