Université du Québec à Montréal | École des médias

Salvador Dali

Économie politique du XXe siècle / 1950 - 2000

Deuxième partie du cours sur l’histoire économique (et politique) du XXe siècle.

Dans cette partie nous nous intéresserons à la transformation de l’économie à tendance social-démoctate vers le néolibéralisme. Nous porterons aussi attention aux mouvements de contestation de l’ordre économique dominant, notamment les mouvements civiques et autres mouvements altermondialistes qui ont émergé tout au long de la deuxième moitié du siècle dernier.

mouvements civiques

Tout le monde ne profite pas de l’enrichissement et de la liberté apportés par ce modèle de société. De larges pans de la population sont exclus de ce nouveau «rêve américain». Plusieurs aussi s’y opposent et en soulignent les défauts. À partir des années 1960, dans plusieurs régions du monde, différents mouvements contestataires, voire révolutionnaires, voient le jour.

On peut penser notamment au Mouvement afro-américain des droits civiques ou les mouvements hippie ou beatnik. En Europe (et ailleurs), la contestation portée par les mouvements étudiants culmine en mai 1968 avec des grèves massives. Au Québec, c’est la Révolution tranquille et la montée du mouvement indépendantiste. Le féminisme prend également de l’ampleur durant ces années.

À chaque fois, ces mouvements de «contre-culture» s’attaquent à des éléments du modèle dominant (racisme, militarisme, capitalisme, impérialisme, colonialisme) et se nourrissent de la vitalité de la pensée des intellectuels de gauche.

« It is impossible for capitalism to survive, primarily because the system of capitalism needs some blood to suck. Capitalism used to be like an eagle, but now it’s more like a vulture. It used to be strong enough to go and suck anybody’s blood whether they were strong or not. But now it has become more cowardly, like the vulture, and it can only suck the blood of the helpless. As the nations of the world free themselves, then capitalism has less victims, less to suck, and it becomes weaker and weaker. It’s only a matter of time in my opinion before it will collapse completely. »

guerre

froide

«Si vis pacem, para bellum» : si tu veux la paix, prépare la guerre, dit le proverbe latin. C’est, à peu de choses près, ce à quoi s’affaireront les deux grandes puissances rivales de la seconde moitié du siècle et leurs alliés, les États-Unis et l’URSS, durant cette période qui sera qualifiée de guerre froide. D’un côté, les capitalistes, de l’autre, les communistes. Dès la fin de la Seconde Guerre mondiale jusqu’à 1989, les deux camps s’opposent dans tous les domaines : science et recherche technologique, conquête de l’espace, sports, course aux armements nucléaires, etc. Les deux puissances engloutissent des sommes monumentales dans ce conflit en grande partie idéologique. Mais, contrairement à ce que laisse croire l’adjectif «froide», cette guerre n’est pas exempte de combats réels. De nombreux conflits armés menés ou appuyés par les «Russes» et les «Américains» éclatent dans différentes régions du monde que se disputent les deux camps (Corée, Vietnam, Afghanistan, Cambodge). L’affrontement se déroule aussi sur le terrain de l’économie et de la politique, entraînant plusieurs embargos et crises diplomatiques, notamment la crise des missiles entre les États-Unis et Cuba qui constitue l’un des épisodes les plus tendus de la guerre froide, et qui marque encore les relations entre les deux pays.
Premier test de la bombe H, nom de code « Ivy Mike », sur l’atoll corallien d’Einwetok au centre de l’océan Pacifique.
1er novembre 1952.

red scare

Aux États-Unis, on alimente la «Peur rouge» (Red Scare), la peur du communisme. Le sénateur Joseph McCarthy est particulièrement tenace dans sa lutte contre la menace communiste sur le sol américain. Il mène une commission chargée de traquer d’éventuels agents, militants ou sympathisants communistes aux États-Unis. On donnera son nom à cette facette de l’époque, le maccartisme, qui conduira à l’arrestation ou à l’exil plusieurs personnes, et à la persécution de combien d’autres, suspectés de subversion ou trahison. Parmi ceux-ci, plusieurs artistes, cinéastes, musiciens ou comédiens, dont Charlie Chaplin, Orson Welles, des universitaires, des auteurs, etc. En plus du communisme, le maccartisme cible également d’autres comportements «anti-américains», comme l’homosexualité. La période la plus active de cette chasse aux communistes se terminera vers la fin des années 1950, mais l’anti-communisme fait toujours partie des «valeurs» associées à la société américaine.

Expansion communiste

Staline, qui aura régné près d’un quart de siècle sur le bloc communiste, meurt en 1953. À sa mort, l’Union soviétique compte 15 républiques dans sa fédération. Plusieurs autres pays satellites, dont des États d’Europe centrale et de l’Est comme la Hongrie, l’Allemagne de l’Est, la Tchécoslovaquie, adoptent (ou se font imposer) des régimes socialistes. Ces pays, autrefois au cœur de l’Europe, basculent derrière le rideau de fer.

Le 1er octobre 1949, Mao Zedong proclame la création de la République populaire de Chine, adaptant le modèle soviétique à la réalité chinoise. Le pays vit une crise humanitaire, subissant encore, cent ans plus tard, les contrecoups des guerres de l’opium. Autour, plusieurs autres régions asiatiques dont la Corée, le Laos, le Cambodge et le Viêt Nam intègrent aussi la liste des États communistes.

L’URSS est l’une des principales puissances économiques mondiales, en grande partie grâce à la production industrielle lourde (équipements, armement) et l’exploitation des ressources naturelles (pétrole, pêche, métaux). Cependant, cette productivité ne contribue pas à améliorer le niveau de vie des citoyens vivant derrière le rideau de fer : les biens de consommation sont rares et difficiles à se procurer. Certains alliés de l’URSS, comme la Tchécoslovaquie, amorcent de timides projets de libéralisation de leurs économies ; d’autres, comme la Yougoslavie, se dissocient carrément de l’URSS. Certaines tentatives échoueront et les soviétiques emploient souvent la force pour maintenir en place les gouvernements communistes.

en août 1968, les blindés russes entrent dans Prague pour étouffer le «printemps de Prague», période de démocratisation et de libéralisation de la République socialiste tchécoslovaque

« Ceux qui pensent que les régimes communistes d’Europe centrale sont exclusivement la création de criminels laissent dans l’ombre une vérité fondamentale : les régimes criminels n’ont pas été façonnés par des criminels, mais par des enthousiastes convaincus d’avoir découvert l’unique voie du paradis. Et ils défendaient vaillamment cette voie, exécutant pour cela beaucoup de monde. Plus tard, il devint clair comme le jour que le paradis n’existait pas et que les enthousiastes étaient des assassins. » 

Milan Kundera (L’insoutenable légèreté de l’être, 1984)

En Chine, une grande famine sévit entre 1959 et 1961, emportant entre 15 et 55 millions de personnes dans la mort. Les politiques économiques mises en place par le gouvernement de Mao sont pointées du doigt, en plus d’une série de sécheresses et d’inondations qui affecteront le pays.

Pour faire face à la situation, le Parti communiste de Mao Zedong met en place plusieurs actions répressives qui conduiront à la Révolution culturelle, qui a pour but de faire taire toute dissension en éradiquant les opposants potentiels aux décisions du parti et en effaçant tout document, œuvre ou ouvrage pouvant aller à l’encontre de l’idéologie du parti. L’épisode sanglant coûtera la vie à des millions de personnes. 

Après la mort de Mao, en 1976, la Chine adoptera de nouvelles réformes économiques sous l’impulsion du gouvernement de Deng Xiaoping. Malgré la libéralisation très partielle de l’économie chinoise, les tensions politiques et la répression violente se poursuivra tout au long des années 1980.

décolonisation

Les années d’après guerre mènent à l’autonomie la grande majorité des territoires et des peuples qui faisaient autrefois partie des grands empires coloniaux.

De 1950 à 1980, quelques 200 nouveaux États sont ainsi créés. Cette autonomie nouvelle, souvent acquise dans le sang, ne signifie cependant pas nécessairement la liberté pour les populations de ces nouveaux États. Généralement très pauvres, ces pays du tiers-monde gardent souvent des liens étroits avec leurs anciennes métropoles, dépendent de l’aide financière des nouvelles institutions internationales (Banque mondiale, FMI) et, surtout, sont soumis à l’appétit des grandes corporations capitalistes qui y exploitent les ressources naturelles et, avec l’aide des gouvernements occidentaux, influencent grandement les systèmes politiques de ces nouveaux États. 

critiques de la «nouvelle gauche»

 

Si les États-Unis mènent une chasse aux sorcières contre le danger du communisme, nombreux sont les mouvements sociaux et politiques nourris aux idées du socialisme. Aux États-Unis même, par exemple, le Black Panther Party, lutte pour la libération des afro-américains par le socialisme révolutionnaire. Les idéaux maoïstes et certaines figures marquantes des mouvements socialistes internationaux, comme le révolutionnaire argentin Che Guevarra ou le poète et président sénégalais Léopold Sédar Senghor, inspirent la jeunesse et les intellectuels occidentaux.

L’essor de la pensée de gauche occidentale est caractérisé par ce que les universitaires anglo-saxons qualifieront de New Left, la Nouvelle gauche. Dans les années 1960 et 1970, des auteurs et des autrices reprennent les théories et le vocabulaire marxistes afin de les décliner dans plusieurs sphères d’activités intellectuelle.

D’abord encouragé par les théoriciens allemands de l’École de Francfort (Theodor Adorno, Max Horkheimer, Herbert Marcuse, Walter Benjamin) dont les idées, développées à partir des années 1920, se diffuseront aux États-Unis durant la guerre, ce mouvement s’enrichira en Grande Bretagne des travaux de l’École de Birmingham, les cultural studies (Raymond Williams, Richard Hoggart, Edward Thompson, Angela McRobbie).

En France, ce mouvement néo-marxiste est porté par des philosophes (Louis Althusser, Jean-Paul Sartre, Simone de Beauvoir, GIlles Deleuze), des anthropologues (Claude Lévi-Strauss), des sociologues (Jean Baudrillard, Michel Foucault, Pierre Bourdieu), des psychanalystes (Jacques Lacan, Julia Kristeva), des linguistes (Luce Irigaray, Jacques Derrida), des économistes (Charles Betheleim, Cornelius Castoriadis) etc., qui par leur travail contribuent, malgré leurs importantes différences d’approches et leurs oppositions souvent frontales, à fournir un vocabulaire et des outils conceptuels permettant de critiquer les configurations, ou les structures, d’organisation de la société capitaliste.

Aux États-Unis, les néo-marxistes et la French Theory inspirent plusieurs auteurs issus de divers domaines des sciences sociales (Noam Chomsky, Judith Buttler, Angela Davis) ou des milieux militants (Murray Bookchin, Malcolm X) qui contribuent à tracer les contours du capitalisme contemporain, à en dénoncer les failles et les conséquences sur l’organisation de la société et sur nos vies, en général. Ces personnes sont généralement associées aux luttes et aux mouvements féministes, pacifistes, écologistes, ou antiracistes et anticolonialistes.

néolibéralisme

Dès les années 1940, mais à plus forte raison à partir des années 1970, une doctrine économique de droite prend un essor considérable auprès des économistes : le néolibéralisme. 

Le terme sert d’abord à qualifier les économistes libéraux de l’école autrichienne (Friederich von Hayek) et de l’École de Chicago (Milton Friedman, Gary Becker). 

Ces critiques de l’interventionnisme étatique, de l’État-providence, prônent le plus grand libéralisme, la plus grande concurrence, et le moins d’intervention possible de la part de l’État. Différents courants néolibéraux existent, mais tous s’entendent généralement sur une série de principes consensuels. Ce «consensus de Washington», établi à la fin des années 1980, pose entre autres principes que :

  • les dépenses publiques doivent se limiter à des interventions majeures ou à assurer un filet social minimal;
  • les taux marginaux d’imposition doivent être tenus au plus bas; 
  • les taux d’intérêts doivent être fixés par le marché;
  • les capitaux doivent pouvoir circuler librement;
  • le commerce extérieur doit être le moins entravé possible;
  • les règles (protection de l’environnement, protection sociale, etc.) doivent être le moins contraignantes possibles; 
  • la propriété privée et intellectuelle doivent être protégés de manière accrue.

Rapidement, leurs idées gagneront en popularité dans certains milieux universitaires, dans les secteur de la finance, et auprès des politiciens, notamment en Grande-Bretagne et aux États-Unis.

1980's

Wolf of Wall Street (Martin Scorsese, 2013)

chocs pétroliers

Peu importe le côté du rideau de fer et la doctrine économique dominante, la croissance de l’économie dépend considérablement de la production énergétique, et en particulier de la production pétrolière. 

En 1973 et en 1979, la montée rapide des prix du pétrole entraîne deux «chocs» économiques majeurs :

1973

Le premier choc survient en 1973, alors que les États-Unis, à court de pétrole, cherchent à s’approvisionner sur les marchés extérieurs, dont auprès des pays membres de l’Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP), à laquelle participent plusieurs pays du moyen-orient. 

Réagissant à l’intervention américaine en faveur d’Israël suite à la guerre du Kippour, qui oppose l’état hébreux et une coalition arabe menée par l’Égypte et la Syrie, les membres de l’OPEP augmentent le prix du baril de pétrole et réduisent leur production. 

La pénurie contribue à l’augmentation des prix du pétrole, ce qui affecte les coût de production, diminue les profits, et fait chuter le pouvoir d’achat.

1979

Le second choc pétrolier survient en 1979, alors que la production avait repris un rythme de croissance soutenue. Le renversement du Shah d’Iran, en janvier 1979, et le début de la guerre opposant l’Iran et l’Irak, qui durera de septembre 1980 au mois d’août 1988,  entraînent une diminution et plusieurs interruptions de la production et de l’exportation de pétrole dans cette région, donc une augmentation du prix du baril.

Les prix sont stabilisés à la fin de l’année 1981, mais le prix demeure élevé jusqu’en 1985, alors que dopé par la surproduction de l’Arabie saoudite, un contre-choc provoque une chute drastique des prix. 

Évolution historique des prix du pétrole de 1861 à 2007 en dollars — Source : TomTheHand, Wikimedia Commons

Les années thatcher-reagan

Les principes du néolibéralisme sont souvent invoqués comme des solutions potentielles aux chocs pétroliers des années 1970. Parmi les plus ardents partisans des idées néolibérales, Margaret Thatcher, première ministre britannique (1979-90), et Ronald Reagan, président états-unien (1981-1989), appliqueront un grand nombre de mesures de privatisation, de déréglementation et de libéralisation des marchés. Ces politiques seront parfois imitées par leurs voisins, au Canada par Bryan Mulroney, en France sous la présidence de François Mitterrand. 

Malgré le désinvestissement massif de l’État dans un grand nombre de secteurs d’activités et les avantages offerts aux entreprises privées, les politiques néolibérales contribuent à creuser la dette des États-Unis et à gonfler le taux de chômage en Grande-Bretagne. 

Margaret Thatcher, surnommée la «dame de fer», est réputée pour son attitude ferme face aux revendications des syndicats ou des Irlandais du Nord, alors qu’elle s’opposera aux sanctions économiques imposées au régime d’apartheid d’Afrique du Sud afin d’éviter de nuire aux entreprises britanniques installées dans le pays. Sous Ronald Reagan, les agences fédérales et de grandes entreprises états-uniennes contribueront à établir et maintenir des dictatures au Guatemala, au Salvador, au Honduras, ou en Turquie, entre autres.

financiarisation du capitalisme

Les politiques de déréglementation et de libéralisation des marchés permettent à la sphère financière de prendre de l’expansion. À partir de la fin des années 1970, la propriété des entreprises se déplace : autrefois liée à des individus (entrepreneurs) et souvent administrée de manière familiale, la gestion de la propriété des entreprises est désormais de plus en plus confiée à des managers spécialistes. Ceux-ci représentent désormais les intérêts des actionnaires, dont l’objectif principal est la rentabilité.

Le rôle des banques, des marchés boursiers et des firmes d’assurances ou d’investissement croît considérablement durant cette période. Les banques sont au cœur d’un système de prêts et d’endettement généralisé, rendu essentiel pour assurer la croissance des entreprises et soutenir le rythme de la consommation. Les bourses, bénéficiant de l’accélération rapide des télécommunications, font transiger les titres entre les actionnaires et les entreprises et contribuent à générer de la spéculation. Les firmes d’assurances ou d’investissement, concentrant les investissements de l’ensemble des petits ou des grands investisseurs, orientent par leurs décisions de placements l’évolution des marchés et de l’épargne.

Le capitalisme financier se caractérise par une diminution de l’importance relative de la rémunération (salaire) sur la valeur ajoutée : en bref, les salaires des travailleurs ne comptent plus autant dans la répartition prix d’un produit. Cela s’explique par les avancées technologiques et l’automatisation grandissante des chaînes de production, la faible croissance de la rémunération des travailleuses et des travailleurs, la croissance de la part relative accordée aux actifs immatériels (brevets, propriétés intellectuelles) et le renforcement de la concentration des entreprises. Parallèlement, la part de la valeur ajoutée revenant aux actionnaires (sous forme de dividendes notamment) augmente considérablement à partir des années 1980 et les managers, hauts-dirigeants et autres membres des conseils d’administration reçoivent une part grandissante de leur rémunération sous forme d’actions.

Très tôt, les critiques remarquent que cet état des choses diminue la responsabilité sociale et environnementale des entreprises, qui subordonnent tout à la recherche de profit, et contribue à une quête de croissance infinie, irréaliste et qui génère d’importantes inégalités sociales ainsi que la surexploitation abusive des ressources naturelles.

1989

Mur de Berlin, 1989
Photo : R. Thiémard

chute du mur de berlin

Symbole de la fracture entre l’Est et l’Ouest, entre les régimes communistes et les régimes capitalistes, le mur de Berlin est abattu le 9 novembre 1989.

De 1988 à 1991, les régimes communistes d’Europe basculent et mettent en place des élections libres, démocratiques, tout en ouvrant les frontières et éliminant de nombreuses barrières qui limitaient la circulation des personnes et des biens. 

En 1991, l’URSS tombe et le président russe Boris Eltsine décrète la dissolution et l’interdiction du Parti communiste de l’Union soviétique. Les quinze républiques de l’URSS déclarent tour à tour leur indépendance et progressivement, les anciens États communistes libéralisent leurs économies.

Place tian'anmen

Depuis 1979, la Chine se définit comme une «économie socialiste de marché» et ouvre plusieurs zones économiques spéciales qui permettent aux entreprises et investisseurs étrangers de faire des affaires sur le territoire chinois.

Cette libéralisation progressive insuffle un vent de modernisation sur le pays et amène une partie de la population à réclamer d’instaurer un système démocratique d’élection et le multipartisme. Ce mouvement, qui prendra de l’ampleur tout au long des années 1980, sera sévèrement réprimé en 1989, culminant dans une série de manifestations qui mèneront au massacre de la place Tian’anmen.   

nouvel ordre mondial

Le communisme n’est désormais plus une menace à l’expansion du capitalisme. Au début des années 1990, les États-Unis sont au sommet de leur puissance. La politique étrangère du pays se fonde désormais sur le respect du droit international, la promotion de la paix et de la démocratie. Et pour y parvenir, les États-Unis n’hésiteront pas à faire la guerre.

« Nous nous trouvons aujourd’hui à un moment exceptionnel et extraordinaire. La crise dans le golfe Persique, malgré sa gravité, offre une occasion rare pour s’orienter vers une période historique de coopération. De cette période difficile, notre cinquième objectif, un nouvel ordre mondial, peut voir le jour : une nouvelle ère, moins menacée par la terreur, plus forte dans la recherche de la justice et plus sûre dans la quête de la paix. »

Contre le capitalisme sauvage

L’expression «capitalisme sauvage» est popularisée à partir des années 1980 pour décrire et dénoncer les évolutions récentes du capitalisme, jugées néfastes et violentes.

Le capitalisme pousserait les entreprises, motivées par la seule recherche de profit et de croissance, à agir au dépens de toute responsabilité sociale et collective. Exploitation abusive des ressources naturelles, exploitation des populations des pays pauvres, pollution de l’environnement, exploitation des travailleurs et exacerbation de l’individualisme, le capitalisme serait néfaste pour les sociétés et l’environnement et conduirait à valoriser des  comportements immoraux, voire criminels.

L’expression «capitalisme sauvage» sert également à désigner les activités capitalistes relevant d’activité criminelle violente et bafouant les règles, les lois (mafias, motards criminalisés, etc.). La croissance du commerce international favorise également la croissance des trafics illicites, et une part non négligeable de l’économie licite est liée à des groupes qui prennent aussi part à des activités illégales (fraude, trafic de drogue, usure, trafic humain, proxénétisme, etc.). 

Vers la fin des années 1990 et au début des années 2000, les mouvements contestataires se disent «altermondialistes», proposant une autre forme de mondialisation. Ils s’opposent notamment aux accords de libre-échange que signent les États et s’attaquent aux politiques mises en place par les organisations transnationales comme le FMI, la Banque mondiale ou l’organisation mondiale du commerce (OMC).

Ces mouvements coalisent les luttes anti-capitalistes, anti-colonialistes, écologistes, etc. et revendiquent collectivement une plus grande démocratie de ces institution, une plus grande autonomie des peuples, ainsi que le respect et la protection des droits fondamentaux des humains et de la nature.

En route vers l'an 2000

La financiarisation et la mondialisation de l’économie s’accélèrent rapidement avec l’invention et le développement de l’internet qui offre la capacité d’échanger et de transférer de plus en plus d’information, de plus en plus rapidement.

Les médias d’information, la télévision en particulier, connaissent un essor considérable à partir de la fin des années 1980, encouragées dans un grand nombre de pays par la déréglementation. De nouveaux services et de nouveaux géants voient le jour dans les secteurs des nouvelles technologies. Les télécommunications se développent rapidement et les consommateurs sont confrontés à de nouveaux objets qui modifient considérablement leurs habitudes (ordinateurs, guichets automatiques, téléphones cellulaire, etc.).

La tendance est à la concentration des grandes entreprises et à la convergence des activités médiatiques. Les pays les plus riches s’enrichissent, les grandes entreprises et les classes les plus riches de ces pays s’enrichissent également. Tout semble aller pour le mieux…

… si on ignore bien sûr les avertissement qui ne cessent de se multiplier chez les écologistes, notamment, mais aussi dans les mouvements sociaux, féministes, altermondialistes, etc.

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